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CHANSONS

CHANSON XLIX.


      Pourtant, s’avale soussiz mains,
Sans macher, en peine confiz,
Si ne seront Ja desconfiz,
Les pensers qui m'ont en leurs mains.
      En ce propos seurement mains
Qu'’ilz vendront à aucuns prouffiz,
Pourtant, s’avale soussiz mains,
Sans macher, à peine confiz.
      Travail mettray, et soirs, et mains,
Autant ou plus quanques je fiz,
S’à les achever ne soufhiz,
D'’en faire quelque chose au mains,
Pourtant, s’avale soussiz mains.


CHANSON L.


      Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
Puisqu’il me fault loing de vous demourer,
Je n’ay plus riens, à me reconforter,
Qu’un souvenir pour retenir lyesse.

      En allegant, par Espoir, ma destresse,
Me conviendra le temps ainsi passer,
Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
Puisqu’il me fault loing de vous demourer.

      Car mon las cueur, bien garny de tristesse,
S'en est voulu avecques vous aler,
Ne je ne puis jamais le recouvrer,
Jusques verray vostre belle jeunesse,
Ma seule amour, ma joye et ma maistresse.