Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CAROLES.

____________

CAROLE I.

          Las ! Merencolie,
Me tendrés vous longuement
Ès maulx dont j’ay plus de cent.
           Sans pensée lie
     Je l’ay souffert main et soir,
Loingtain de joyeulx confort.
     Mais nul bien n’en puis avoir
Dont mon cueur est près que mort.
     Au moins, je vous en prie
Que me laissiez seulement
Aucun peu d’alegement
           Sans m’oster la vie,
           Las ! Merencolie.
     Espérance d’avoir mieulx
Dist qu’elle me veult aidier,
Mais toujours maugracieux
Je trouvé le faulx Dangier
           Qui tant me guerrie.
Si, vous requier humblement
Qu’en ce douloureux tourment
           Ne me laissiez mie,
           Las ! Merencolie