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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/72

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CHARLES D’ORLÉANS.

Et en tel point mon cueur mettés
Que je ne sçay que faire doye.
Je suis mort se vous ne m’aidiés,
Ma seule souveraine joye,
     Je ne vous ose demander
Que vostre cueur ne me donnés,
Mais, se droit me voulés garder,
Puisque le cueur de moy avés.
Le vostre fault que vous me laissiés.
Car sans cueur vivre ne pourroye ;
Faictes en, comme vous vouldrés,
Ma seule souveraine joye.
     Trop hardy suy d’ainsi parler,
Mais pardonner le me devés
Et n’en devés autruy blasmer,
Que le gent corps que vous portés
Qui m’a mis, comme vous véés,
Si fort en l’amoureuse voye.
Qu’en vostre prison me tenés,
Ma seule souveraine joye.


ENVOI

     Ma Dame, plus que ne savés,
Amour, si tresfort me guerroye,
Qu’à vous me rens ; or me prenés,
Ma seule souveraine joye.


BALLADE III.

     C’est grant péril de regarder
Chose dont peut venir la mort,
Combien qu’on ne s’en scet garder
Aucunes fois, soit droit ou tort.
Quant Plaisance si est d’accort