Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/92

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Pour bien et loyaument amer.
     Par mon cueur je congnois pieçà
Ce mestier, car quant il soupire,
Jamais rapaisié ne sera
Tant qu’il ait envoyé de tire
Vers la belle que tant desire.
Et puis s’il peut aucunement
Oïr nouvelles seulement
De sa doulce beauté sans per,
Il oublie l’ennuy qu’il sent
Pour bien et loyaument amer.


ENVOI

     Ma Dame, Dieu doint que briefment
Vous puisse de bouche compter
Ce que j’ay souffert longuement
Pour bien et loyaument amer.


BALLADE XXII.

     Belle, combien que de mon fait,
Je croy qu’avez peu souvenance,
Toutesfois se savoir vous plaist
Mon estat et mon ordonnance,
Sachiés que loingtain de Plaisance,
Je suis de tous maulx bien garny.
Autant que nul qui soit en France,
Dieu scet en quel mauvais party.
     Helas ! or n’ay je rien forfait
Dont porter je doye penance,
Car tousjours je me suis retrait
Vers Léauté et Espérance,