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BALLADE XXVIII.

     En la nef de Bonne Nouvelle
Espoir a chargié Reconfort,
Pour l’amener, de par la belle,
Vers mon cueur qui l’ayme si fort.
A joye puist venir au port
De Desir, et pour tost passer
La mer de Fortune, trouver
Un plaisant vent venant de France,
Où est à présent ma maistresse
Qui est ma doulce souvenance,
Et le trésor de ma lyesse.
     Certes moult suy tenu à elle,
Car j’ay sceu, par loyal raport,
Que contre Dangier le rebelle
Qui mainteffois me nuist à tort,
Elle veult faire son effort
De tout son povoir de m’aidier,
Et, pource, lui plaist m’envoyer
Ceste nef plaine de Plaisance
Pour estoffer la forteresse,
Où mon cueur garde l’Espérance,
Et le tresor de ma lyesse.
     Pource, ma voulenté est telle,
Et sera jusques à la mort.
De tousjours tenir la querelle
De Loyauté, où mon ressort
J’ay mis ; mon cueur en est d’accort.
Si vueil en ce point demourer,
Et souvent Amour mercier,
Qui me fist avoir l’acointance
D’une si loyalle Princesse,