sition ! L’un de ces tableaux est une action vive et l’autre est un spectacle. Il semble dans celui-ci qu’on aille passer tout au travers des portiques, et que la foule de gens qui y sont assemblés vous fasse compagnie. L’architecture, qui est une des belles parties du tableau, a été faite par Benedetto Caliari, frère de Paul : il excelloit dans ce genre. Paul a représenté au naturel les plus fameux peintres vénitiens exécutant un concert. Au devant du tableau, dans le vide de l’intérieur du triclinium, le Titien joue de la basse, Paul joue de la viole, le Tintoret du violon, et le Bassan de la flûte, par où il a voulu faire allusion à la profonde science et à l’exécution lente et sage du Titien, au brillant et aux agréments de Paul, à la rapidité du Tintoret, et à la suavité du Bassan. Remarquez l’attention que donne Paul à un homme qui vient lui parler, et la suspension de son archet. Une grande figure debout tenant une coupe à la main, vêtue d’une étoffe à l’orientale blanche et verte, est celle de Benedetto, son frère.
Ce n’est pas sans plaisir que j’ai trouvé, à Casa Pisani, l’admirable famille de Darius[1], de ce même Paul Veronese, tableau dont j’ai l’esquisse faite de sa main pour l’exécution de son grand ouvrage. Il y a deux ou trois têtes finies par le maître ; le reste en partie achevé par ses élèves, en partie resté en ébauche.
LETTRE XVIII
Ce que j’avois prévu est arrivé, mon gros Blancey ;
votre première lettre vient de m’être renvoyée de Rome ;
elle n’est pas de fraîche date, quoique fort moderne en
comparaison d’une autre que je reçois de Londres, la-
- ↑ Aujourd’hui en Angleterre à la National Gallery