Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/196

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trois étages l’un sur l’autre, on forment le carré, accompagné de quatre collatérales surbaissées, dont pareillement trois étages, les deux derniers étages faisant des espèces de tribunes ou corridors. Quatre gros chevaux, dans les angles, soutiennent un ceintre ouvert et recouvert d’une coupole qui fait le comble. Cela seroit à merveille, si ce lieu n’étoit pas beaucoup trop étroit eu égard à son exhaussement, et trop obscur, les jours n’étant tirés que des collatérales par de petites fenêtres. Le salon distribue grandement tous les appartements, qui, quoique passablement vastes, sont tout-à-fait écrasés par ce gigantesque préambule. Les fresques ne manquent pas aux plafonds ; il y en a même quelques unes dignes de rema rque . On monte aux corridors d’en haut par un escalier fort droit et fort étroit. L’architecte, pour remédier à cet inconvénient, a très-adroitement imaginé de le construire à marches interrompues par le milieu verticalement. C’est-à-dire que la motié à droite de la première marche est une fois moins haute que la moitié à gauche, et ainsi des autres jusqu’au dessus ; moyennant ce, chaque pied ayant alternativement une moitié d’avance pour poser l’autre, on ne s’aperçoit plus de la raideur. De cette manière, on monte assez aisément ; mais en redescendant, à moins d’une grande attention, on ne manque pas de se rompre le cou. Au-dessus de la coupole, il y a une terrasse extérieure, d’où l’on découvre fort au loin de longues allées d’arbres en échiquier, chargés de vignes à festons. On ne peut rien voir déplus agréable. Les vignes qui recouvrent les branches donnent aux arbres un air étranger fort plaisant : on les prendroit pour des palmiers.


Je m’étonne fort que les plus belles villes que j’aie encore vues dans ce pays n’aient pas de promenades publiques qui vaillent celles de nos moindres petites villes. Le lieu 011 on se promène ici est infâme ; cependant, faute d’autres ; il est tous les soirs assez fréquenté. Je ne puis digérer cette manière de se promener en carrosses, rangés H la file les uns des autres, sans avancer ni reculer. Les équipages sont assez nombreux à Bologne ; mais il y en a peu de bon goût, la plupart étant fabriqués en Italie ou en Allemagne ; en récompense, les chevaux sont bons et fort malins.


Quant à la façon de se vêtir, les femmes se mettent à