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HISTOIRE

à Cochinotzu ; c’étaient les PP. Alphonse Gonzalès, Christophe de Léon, Jean-François et Antoine Lopez. Jamais secours ne vint plus à propos, et le roi seconda si bien leur zèle, qu’il pouvait se flatter de n’avoir bientôt plus un seul idolâtre dans ses États ; mais il fut tout à coup atteint d’une maladie violente, qui l’emporta en quelques jours ; il n’eut pas même la consolation de recevoir les sacrements de l’Église, parce que le prince, son fils aîné, zélé idolâtre, ne permit à aucun missionnaire ni à aucun chrétien de l’approcher. Le roi n’eut pas plutôt rendu le dernier soupir, que son successeur fit publier un édit qui ordonnait à tous les docteurs étrangers de sortir incessamment du royaume, et aux chrétiens de retourner au culte des dieux du pays. Tous les lieux saints furent détruits et les croix abattues.

La persécution semblait en même temps menacer les chrétiens du Bungo ; le roi Civan avait, suivant la coutume, abandonné le pouvoir à son fils aîné, prince d’un caractère faible, que sa mère se flattait de dominer et de diriger. Elle usa d’abord de son influence pour faire rendre à son fils un édit contre les chrétiens, mais Civan en arrêta les effets. Une nouvelle circonstance ne tarda pas à venir ranimer la fureur de la reine contre les chrétiens : elle avait un frère nommé Cicatondono,