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DU JAPON.

un trône, ne se vit pas plutôt à la tête d’une force aussi considérable, qu’il conçut la pensée de détrôner son maître et son bienfaiteur. Il sut gagner les principaux officiers de son armée, et, répandant le bruit que l’empereur venait de lui envoyer un contre-ordre, il reprit la route de Méaco. Nobunanga n’apprit cette contre-marche que quand on vint l’avertir que les troupes environnaient son palais. Il s’avança aussitôt vers une fenêtre, et, dans ce moment, Aquechi lui tira une flèche qui le blessa au côté. Cela ne l’empêcha point de sortir, le sabre à la main, avec le roi de Mino, son fils aîné, et un petit nombre de gardes qui se trouvaient auprès de sa personne : il combattit quelque temps avec cette valeur qui portait la frayeur dans l’âme des plus hardis ; mais ayant eu le bras cassé d’un coup de mousquet, il fut obligé de rentrer dans son palais avec le roi de Mino, et les rebelles y ayant mis le feu de toutes parts, ils y furent en peu de temps réduits en cendres avec tous ceux qui y étaient renfermés. Telle fut la fin tragique du fier Nobunanga, qui trouva la mort dans la force de son âge et au milieu de ses conquêtes, le 20 juin 1582. Aquechi, se croyant maître de l’empire, exerça les plus cruelles vengeances sur tous ceux qui avaient eu part aux bonnes grâces du malheureux