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DU JAPON.

Le roi d’Ava croyait qu’il allait se mettre en possession de la toute-puissance ; mais Faxiba, qui commandait l’ancienne armée de Nobunanga, lui déclara qu’il devait se contenter de l’île de Xicoco, que son père lui avait donnée en apanage, et que le feu roi de Mino, son frère aîné, ayant laissé un fils au berceau, l’empire appartiendrait à cet enfant. Pour lui, il prit la tutelle du jeune prince et la régence de ses États ; c’est-à-dire qu’il couvrit d’abord son usurpation de ce prétexte, car le jeune roi de Mino n’hérita jamais de la puissance de son aïeul.

Faxiba, qui venait ainsi de parvenir à la souveraine puissance, était d’une naissance très-obscure. Il avait d’abord été domestique, puis soldat ; Nobunanga s’amusa de son esprit plaisant, distingua son courage, et le promut promptement aux grades les plus élevés de l’armée. Cet homme était petit, gros et extrêmement fort. Il avait six doigts à une main ; ses yeux sortant de la tête, la laideur de son visage dépourvu de barbe, rendaient son aspect hideux. Le premier usage qu’il fit de son pouvoir, fut de célébrer en l’honneur de Nobunanga les plus magnifiques obsèques dont on eût jamais entendu parler au Japon.