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HISTOIRE

par accident vers 1660. Cambacondono fit abattre la ville, et en fit construire une autre, avec des rues régulières coupées d’un grand nombre de canaux que l’on traverse sur plus de cent ponts, dont quelques-uns sont d’une beauté remarquable. Le palais de l’empereur, placé sur le bord du fleuve, était d’une grandeur et d’une magnificence incroyables, et tout couvert de tuiles d’or, en sorte que quand le soleil donnait dessus, il n’était pas possible d’y arrêter les yeux. Ces édifices furent achevés avec une promptitude incroyable ; aussi dit-on que soixante mille ouvriers y travaillèrent en même temps.

Le vice-provincial, P. Cuello, visitant les Églises de cette contrée, demanda une audience à Cambacondono. Il se rendit au palais à l’heure indiquée, accompagné de plusieurs de ses religieux ; ils furent reçus à la première porte par le principal médecin du prince, qui les combla de civilités et les conduisit auprès de son maître. Ce dernier les reçut dans l’appartement où il avait coutume de donner audience aux ambassadeurs et aux princes, ayant tous ses grands officiers autour de lui, et à ses pieds un secrétaire d’État, qui lui nommait tous les religieux à mesure qu’ils entraient, ajoutant quelque chose d’obligeant pour chacun. Après le cérémonial, il congédia tous les