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HISTOIRE

gazaqui avec le P. Valegnani et plusieurs autres Jésuites, sans que personne y trouvât à redire. Il est vrai que la nouvelle, qui se répandit tout à coup que l’empereur était à l’extrémité, empêcha qu’on ne pensât à autre chose qu’à ce grand événement.

Ce prince avait été attaqué d’une dyssenterie qui le réduisit à une extrême faiblesse ; il vit bien qu’il était frappé à mort, et il ne songea plus qu’aux moyens d’assurer l’empire à son fils, qui n’avait que six ans. L’exemple tout récent du petit-fils de Nobunanga, à qui lui-même il avait enlevé le sceptre, lui faisait comprendre combien ce projet était difficile à exécuter, et combien un enfant est peu affermi sur un trône auquel il n’a d’autre droit que l’usurpation de son père.

Si l’empereur n’avait pas ressenti contre les chrétiens d’injustes défiances, il aurait trouvé parmi eux des hommes habiles et fidèles ; mais Dieu ne voulait pas que la postérité de ce monarque régnât dans un pays où il avait tenté d’exterminer son culte, et les moyens mêmes que ce grand politique employa pour conserver la couronne à son fils furent ce qui la lui fit perdre. Tayco-Sama se confia dans cette circonstance à l’homme qu’il devait le plus redouter, à Gixasu, roi de Boudouë, beau-frère de Nobunanga ; cette