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DU JAPON.

jets de les recevoir ni de leur rendre aucun bon office. Réduits à errer dans les bois et dans les déserts sans autres ressources que cette même Providence qui nourrit les oiseaux du ciel, ces infortunés firent assez voir au prince, par la manière dont ils soutinrent ce renversement de fortune, qu’il n’avait pas bien connu les chrétiens. Le sexe le plus faible triompha même de tous ses efforts. Jamais l’ambition ni les autres passions ne firent jouer plus de ressorts que les dames chrétiennes n’en mirent en œuvre pour mériter d’être martyres de Jésus-Christ. Le Cubo-Sama s’étant lui-même attaché à en poursuivre trois des plus remarquables par leur piété, il ne put pas même obtenir d’elles qu’elles dissimulassent leurs sentiments. L’une d’elles, qui était Coréenne, se nommait Julie Ota ; après avoir résisté aux plus rudes assauts, elle fut remise entre les mains d’une compagnie de soldats qui la laissèrent dans une île où il ny avait que quelques misérables pêcheurs logés dans des cabanes. Elle y vécut quarante ans sans aucune consolation de la part des hommes, mais comblée des faveurs célestes qui lui firent trouver un véritable paradis dans ce désert.

Après ce premier éclat, le Cubo-Sama sembla fermer les yeux sur ce qui regardait les chrétiens ; mais le feu de la persécution, qui avaitété allumé