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DU JAPON.

agréable à l’empereur. Il fit tant enfin que le roi envoya au gouverneur d’Arima l’ordre de faire mourir les jeunes princes. Ils furent enfermés pendant quelque temps, et leur tendre piété, leur douceur, leur constance auraient touché des tigres ; enfin on les poignarda tous les deux pendant leur sommeil.

Le roi d’Arima avait appelé d’Ozaca un célèbre bonze, nommé Banzui, sur le talent duquel il comptait beaucoup pour ramener ses sujets au culte des idoles ; mais il vit bientôt qu’il n’avait pas assez tenu compte de la constance des chrétiens. La reine elle-même ne put jamais, par ses prières, encore moins par ses menaces, déterminer aucune personne de sa maison à communiquer avec ce faux prêtre. Une de ses filles d’honneur, ayant rejeté au ministre des faux dieux une espèce de chapelet qu’il lui avait mis entre les mains, fut enfermée dans une prison où elle resta douze jours sans recevoir aucune nourriture. Elle résista à tous les tourments, à toutes les séductions, et, ce qui étonna le plus la cour, elle sortit de prison après une si excessive abstinence, sans que son extérieur et sa santé en eussent reçu la moindre atteinte.

Le royaume de Figen eut aussi ses martyrs, qui furent les premiers que l’on fit périr par le feu.