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DU JAPON.

cution avec plus de fureur que jamais ; mais enfin, après avoir fait mourir les plus illustres de ses sujets, et dépouillé de leurs biens les plus riches de sa cour qui ne voulurent pas imiter son apostasie, il désespéra de pouvoir tenir au Cubo-Sama la parole qu’il lui avait donnée de faire changer de religion à tout son royaume. Alors Dieu permit qu’il commençât lui-même à se faire justice de tant d’excès, où la passion de régner l’avait fait tomber. Il écrivit à ce prince qu’il ne pouvait plus se résoudre à vivre parmi les irréconciliables ennemis des dieux tutélaires de l’empire, et qu’il le priait de lui confier un autre royaume. Il ne doutait point que son alliance avec la famille de ce prince et son zèle pour les sectes du Japon ne lui fissent obtenir quelque chose de meilleur que ce qu’il quittait ; mais il fut trompé dans son attente. Le royaume d’Arima fut donné à Safioye, qui y aspirait depuis longtemps, et le malheureux Suchendono fut obligé de se contenter du petit royaume de Fiunga, beaucoup moins considérable que celui qu’il perdait. Ce prince reconnut, dit-on, la main qui le frappait si justement, surtout lorsque, s’étant embarqué avec tous ses trésors pour se rendre dans son nouveau domaine, il eut perdu dans un naufrage la plus grande partie de ses richesses ; mais on n’ajoute