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HISTOIRE

par la suite. Quand on eut décapité tous ceux qui devaient subir ce genre de mort, on plaça les têtes vis-à-vis de ceux qui devaient être brûlés, et l’on alluma le feu. Il était éloigné de vingt-cinq pieds des patients, et le bois était tellement disposé que le feu ne pouvait gagner que lentement ; on avait même soin de l’éteindre quand on s’apercevait qu’il gagnait trop vite. Le P. Spinola mourut de la seule ardeur du feu, sans avoir été atteint par les flammes ; après sa mort on le trouva tout entier avec sa soutane que le feu, avec l’eau qu’on y avait jetée, avait durcie et collée sur son corps. Le P. Kimura souffrit encore plus longtemps, et ce ne fut qu’après trois heures de supplice qu’il obtint la palme du martyre. Les martyrs ne donnant plus aucun signe de vie, on mit des gardes à toutes les avenues de la place, et les corps y demeurèrent exposés pour inspirer de la terreur aux fidèles ; mais une telle vue était bien plus propre à ranimer leur ferveur. Un grand nombre de chrétiens resta dans les environs, dans l’espérance de pouvoir enlever quelques-unes de ces saintes reliques ; mais ils furent trompés dans leur attente, et il en coûta la vie à l’un d’eux qui avait voulu enlever la main de Tun des martyrs. Enfin, au bout de trois jours, on alluma un grand bûcher et on y jeta tous les