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DU JAPON.

core voulu lier leurs agents par la religion et par la crainte, les deux plus puissants motifs pour faire agir les hommes et pour les retenir dans le devoir. Ils ont donc en premier lieu exigé un serment de tous ceux généralement qui ont la moindre communication avec les Hollandais ; on y atteste les dieux suprêmes, on se soumet à toute leur colère et à celle des souverains et des magistrats, et on livre au même anathème sa famille, ses plus proches parents, ses amis et ses domestiques, au cas que l’on transgresse le moindre des règlements faits pour l’emploi que l’on doit exercer. On signe ensuite ces règlements et on les scelle de son cachet trempé dans de l’encre noire où l’on a versé quelques gouttes de son sang. Ces serments varient selon les personnes, les emplois et l’étendue du pouvoir dont on est revêtu.

Les marchands qui vont à Désima pour acheter ou pour vendre ne prêtent point de serment, mais il faut qu’ils aient des passeports de l’Ottona, qui ne les leur délivre qu’après les avoir fait fouiller. Ces passeports sont écrits sur de petites planches de deux pouces de long et de deux de large. D’un côté est le nom de l’Ottona, celui de la rue où demeure le marchand et le sceau de ce premier officier. De l’autre est sa marque par-