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HISTOIRE

Près des côtes on trouva une barque de pêcheurs, et un Japonnais, qui s’était chargé de conduire M. Sidotti en sûreté dans l’intérieur du pays, se mit en rapport avec ceux qui la montaient. À son retour à bord, cet homme déclara que le missionnaire ne pouvait songer à mettre le pied au Japon, qu’il serait infailliblement arrêté, et qu’il mourrait dans les plus horribles supplices. Malgré cet avis, le saint homme, après avoir consulté le Seigneur, persista dans la ferme volonté d’accomplir son généreux projet. Vainement le capitaine l’engagea à choisir au moins une autre partie de la côte où il serait moins en danger d’être saisi, rien ne put ébranler la courageuse résolution de M. Sidotti.

Le capitaine vit bien qu’il était inutile de faire de nouvelles résistances ; il consentit, quoique malgré lui, à ce que souhaitait le courageux ecclésiastique, et se disposa à le débarquer à la faveur des ténèbres de la nuit. M. Sidotti, au comble de ses vœux, alla aussitôt écrire quelques lettres, puis il vint réciter le chapelet avec l’équipage, auquel il fit ensuite une courte mais vive exhortation. En la finissant, il se mit à genoux, demanda publiquement pardon des mauvais exemples qu’il avait, disait-il, donnés à tout le monde depuis qu’il était à bord. Il pria en particulier les