Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
HISTOIRE

commencement de l’année 1711, se fit débarquer avec le P. Bonnet par un navire malais sur les îles de Nicobar, de la même manière que M. Sidotti l’avait été sur les côtes du Japon deux ans auparavant. Le sort des deux Jésuites n’a pas été longtemps inconnu : on a su qu’ils avaient fait plusieurs chrétiens parmi les insulaires de Nicobar, qui jusque-là n’avaient point encore entendu parler de Jésus-Christ ; mais qu’au bout de deux ou trois ans ils avaient été assommés par quelques-uns de ces barbares.

Pour M. Sidotti, il a couru des bruits bien variés sur sa destinée, et tous n’avaient que bien peu de fondement. Ce qu’on a pu recueillir de plus vraisemblable de divers renseignements qu’on a eus à la Chine sur lui, c’est que sa mort a été violente. On a même cru assez généralement qu’il avait été enfermé entre quatre murailles si rapprochées les unes des autres, qu’à peine pouvait-il s’y remuer, et qu’on l’y avait laissé mourir de faim.

Dieu seul, dont les secrets sont impénétrables, mais dont les miséricordes sont infinies, sait si une terre cultivée avec tant de fatigues, qui a produit tant de saints et tant de héros, que tant d’hommes apostoliques ont arrosée de leurs sueurs et tant de martyrs de leur sang, ne recouvrera