Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 105 —

Société des Concerts exécutaient à la Madeleine, l’admirable Requiem de Cherubini ; pendant ces heures d’angoisse où la mort était sans cesse suspendue sur les têtes les plus chères, les arts et l’industrie du monde étaient conviés à une lutte pacifique dans la riche cité des lords et des marchands et l’auteur de Faust y cueillait des lauriers en pleurant nos malheurs sur sa lyre !

La cantate de M. Charles Gounod débute par quelques mesures de l’orchestre et un chœur en mi mineur : « La voilà seule, vide, la cité reine des cités ». C’est une lamentation d’un caractère noble où sont semées d’une main exercée des dissonnances harmoniques qui ajoutent à la tristesse du morceau. Le rhythme et le sentiment dans lesquels il est écrit nous ont rappelé les dernières mesures d’un chef-d’œuvre : le Confutatis du Requiem de Mozart : Oro supplex et acclinis.

Le second morceau est une cantilène pour soprano, où l’on sent les traces d’un travail très-approfondi plutôt que l’inspiration. Cette cantilène est interrompue un instant par une phrase chorale sur une marche harmonique dissonante, tout à fait neuve, hardie, telle enfin que M. Gounod, ce grand harmo-