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niste, sait en trouver et les présenter à l’auditeur. Ce passage, sous la plume d’un musicien ordinaire, eût été dur ; sous la sienne il passe sans choquer l’oreille.

Sur ces paroles : « Ô mes frères, voyez ma douleur, » le chœur fait entendre une progression vocale d’un beau sentiment. La phrase suivante : « Grâce, Dieu vengeur ! » a de la puissance.

Le dernier morceau de cette cantate, assez peu développée d’ailleurs, sort de la déclamation, et rompt avec la recherche d’effets antérieurs où l’on trouve l’influence wagnérienne, pour nous offrir un chant bien rhythmé, dont les signes distinctifs sont la grandeur et la sonorité. L’accompagnement en triolets qui supporte le chant n’est pas très-neuf ; il a été souvent employé depuis la célèbre phrase des Huguenots : « Pour cette cause sainte, j’obéirai sans crainte. »

Je me demande si dans cette œuvre patriotique il existe une émotion réelle, les élans d’une âme exaltée par les désastres de la patrie ? Elle ne m’a pas laissé cette impression. Je n’y ai pas rencontré cette inspiration de premier jet qui est, comme l’on dit, le cri du cœur. Cependant, notre analyse en fait foi, on retrouve dans Gallia le beau talent de l’auteur de Faust et des chœurs d’Ulysse, qui laissent