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est en désaccord. Sa muse est chaste, et ce n’est pas précisément ce mérite que notre temps apprécie. En toutes choses, même en musique, on aime à cette heure le salé, comme disait Saint-Simon.

Si M. Henri Reber est presque ignoré de la foule, en revanche il a des partisans convaincus, et nous devons dire que ceux-ci sont les juges les plus autorisés et les plus sévères. Ce dédommagement en vaut bien un autre.

On accuse M. Reber d’imiter le style des vieux maîtres, entre autres celui de Haydn. Pour ma part, je ne saurais l’en blâmer. Mais, n’a-t-on pas aussi reproché longtemps à M. Ingres de s’être inspiré de Raphaël ? Et, en définitive, le peintre de l’apothéose d’Homère n’en reste pas moins la plus grande personnalité de la peinture contemporaine.

M. Reber n’a donc pas eu tort de choisir Joseph Haydn pour modèle. D’ailleurs quoiqu’on fasse on est toujours le fils de quelqu’un ; et il ne nous serait pas difficile de montrer que les artistes qui ont rompu avec la tradition, méconnu les enseignements des grands génies du passé, resteront comme des accidents, le plus souvent malheureux dans l’histoire de l’art, sans pouvoir prétendre jamais à une place dans la chaîne des illustrations immortelles.