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gligé ; que les emplois subalternes sont tenus par des malheureux sans éducation artistique, que les chœurs et les orchestres ne présentent plus ces masses disciplinées et instruites d’autrefois ; que le talent des chefs de pupitre a baissé de niveau, et que depuis le départ de quelques-uns de nos virtuoses, les premiers rôles sont remplis par des artistes bien médiocres.

« Voilà donc la triste situation de nos théâtres lyriques dont l’avenir me parait bien menacé. En revanche, que voyons-nous ? le nombre toujours croissant des cafés concerts : chaque jour en voit apparaître un nouveau ! Et tous voient arriver la foule, une foule ignorante que de bons théâtres pourraient instruire en l’amusant. Au lieu d’un enseignement sain au corps et à l’esprit, elle ne trouve, dans ces débits de musique et de boissons également frelatées, que la compagnie des Offenbach, des Hervé et des Villebichot, dont les grossières productions sont encore rendues plus ordurières par leurs ignobles paroles. Ces estaminets-chantants corrompent ainsi, chaque soir, des milliers d’oreilles en mettant de côté toute règle, travestissant les œuvres des maîtres lorsque par hasard ils y touchent, n’exploitant que le rire, et quel rire ? pervertissant