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grand concerto pour piano et orchestre, exécuté par Mme Massard, au Conservatoire, et dans les salles Érard et Pleyel, concerto que Berlioz considérait comme le plus beau qu’on ait écrit depuis Beethoven.

Pour ma part, je suis toujours sorti de ces auditions avec cette conviction que Léon Kreutzer serait un jour classé parmi les maîtres les plus estimés.

Qu’il ait usé sa vie un peu à la façon de Musset, qu’il ait dédaigné l’opinion publique, ne se souciant que de quelques rares suffrages, vivant à l’écart, replié dans sa conscience d’artiste, se reposant, dans les dernières années, sur le dévouement de sa femme qui ne lui survécut guère ; que les excentricités de son caractère aient nui à sa réputation présente, voilà ce que chacun sait. Il n’en laisse pas moins une œuvre très-importante, à laquelle cette opinion publique dont il ne recherchait point les fa-

    ment avec un accent pénétrant, où l’on sent la vie s’éteindre.

    Une voix d’enfant entonne le Sanctus, soutenue faiblement par les violons. La phrase du ténor, reprise par la basse, est très-belle de sentiment extatique. Ce morceau, ainsi que l’Offertoire, le Benedictus et l’Agnus Dei, sont d’une belle inspiration et écrits en perfection.