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les Beethoven, les Cherubini, les Weber, les Meyerbeer, sont assurément des progrès inœntestables, des richesses admirables qui viennent ajouter encore à l’expression générale et au coloris du drame, à la condition, toutefois, que cet élément nouveau n’étouffera pas les voix. Aussi ceux qui, privés de ce don merveilleux de bien chanter, déplacent l’intérêt musical, l’enlèvent à la scène pour le mettre dans Torchesire, ceux-là ne commettent pas seulement une faute contre la logique, il montrent encore leur impuissance à comprendre et à rendre les sentiments que, seule, la musique vocale peut exprimer, parce qu’elle emprunte à l’homme la parole elle-même.

Peut-être dira-t-on que ces considérations seraient mieux à leur place s’il s’agissait de Fidelio ou de Guillaume Tell mais nous soutenons, nous, qu’elles trouvent aussi leur application dans cet opéra buffa qui s’appelle : Il Matrimonio segreto. Je sais qu’il fait sourire certains musiciens qui le trouvent démodé dans ses formes. Néanmoins on ne saurait trop les engager à l’étudier de plus près. Ils verront là un admirable exemple de la phrase mélodique dans son « sujet » et dans ses développements naturels. Là, rien de brisé, de haché ; toute phrase s’y enchaîne à l’autre dans une homoginéité parfaite ; c’est