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francs, sains, forts, naturels, la langue qui répond le mieux aux idées définies.

Le romantisme en musique n’était pas né alors, et au point de vue de l’histoire de l’art, on ne doit pas le regretter ; car nous n’aurions pas la jouissance d’y trouver la symphonie avec chœur de Beethoven, après la Fête d’Alexandre, de Handel, et la Passion de S. Bach, œuvre sublimes, écrites dans deux langues différentes, mais qui toutes deux ont leurs beautés.

L’inspiration héroïque, grandiose, architecturale de Handel est sortie de la science, de l’harmonie elle-même ; la fugue, dont il est un des grands maîtres, est sous sa main puissante, la forme nécessaire où résonnent le mieux les masses vocales, les voix du chœur antique, la voix populaire dans toute sa vérité, dans toute sa force, avec ses élans, avec ses prières, avec ses clameurs.

Il y a certainement dans Handel de beaux soli, de beaux fragments d’airs et de duos, mais c’est dans le chœur qu’il demeure vainqueur et qu’il trône. Il en avait le génie plus, peut-être, que son rival, S. Bach, et que peut-on dire de plus ? Tous deux, d’ailleurs, sont les premiers du genre. De leur temps,