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Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/17

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« Vous trouverez peut-être, mon cher maître, le tableau bien sombre, mais il est vrai : L’histoire nous prouve que la musique produit sur les masses des effets très opposés. Elle moralise ou elle corrompt. Lorsqu’elle chante par la voix d’un Hændel, d’un Mozart, d’un Beethoven et d’un Cherubini, elle élève nos âmes et développe en nous des sentiments délicats ou sublimes ; tantôt elle amènera sur nos lèvres un doux sourire, tantôt elle fera couler nos larmes. Mais cet art, le plus populaire de tous, peut aussi faire naître dans les foules les plus abjects instincts et les entraîner, comme par une commotion électrique, vers d’épouvantables catastrophes, ou des crimes odieux. Ces exemples sont nombreux anciens et récents. Qu’on y prenne garde, cet art à trois sous la choppe est essentiellement révolutionnaire, et si on ne l’arrête pas dans ses débordements, il achèvera de nous perdre.

« La société toute entière, et surtout à Paris, est atteinte de cette peste morale. C’est même d’en haut quelle est venue. Les débauches musicales dans lesquelles on insultait tout ce que nos pères nous avaient appris à respecter et à admirer dans le domaine de l’histoire, dans le domaine des lettres, dans le domaine de la politique, ont vu le jour dans