Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 200 —

Une mélopée habilement traitée sert à préparer le changement de décor. Le chœur qu’on entend ensuite dans la coulisse, accompagné de clochettes et du kong, sorte de petit tam-tam, produit un effet délicieux.

Le duo qui suit nous à paru tourmenté et trop dialogué. Les idées mélodiques en sont peu saillantes, et l’on regrette qu’une des scènes capitales de l’ouvrage manque d’effets. Le duo final, au contraire, doit être loué pour sa grâce et son charme.

On le voit, nous ne sommes pas de ceux qui refusent à l’opéra de M. Saint-Saëns toute inspiration. Notre principale critique porterait sur un autre point : Kornélis étant, dans son rêve, transportée de Hollande au Japon, il eut fallu que la musique de ce rêve contrastât davantage avec les autres parties de l’ouvrage. L’opposition ne se fait pas suffisamment sentir. Avec plus de simplicité dans les moyens, au début, le musicien eut évité, je crois, une monotonie qu’on lui reproche.

Cette épreuve du théâtre n’est point défavorable à M. Saint-Saëns et nous y voulons voir une promesse pour l’avenir. Plus heureux que M. Bizet, pour sa Djamileh, il a rencontré une excellente interprétation.