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ne peut exister sans public. Que M. Saint-Saëns ne voie pas dans nos observations une critique qui lui soit personnelle ; elles s’adressent à tout un groupe dont il est de notre devoir de combattre les tendances anti-théâtrales.

Sur le livret de M. Gallet, M. Saint-Saëns a écrit une musique pittoresque et colorée ; mais à force de peindre, elle ne chante plus assez par moments. La Princesse Jaune, riche en détails charmants, est l’œuvre d’un véritable artiste.

L’ouverture, dont les deux motifs sont enq)runtés à l’opéra, est traitée de main de maître. L’allegro des couplets de Léna, sur les paroles : « Quel est ton pouvoir ? » manque de distinction, contrairement aux habitudes de l’auteur.

Le premier air de Kornélis : « J’aime ses sons, lointains mystères », est une très-poétique inspiration musicale. Un charme extrême l’enveloppe tout entier. J’en dirai autant de la plainte de Lena dont Mlle Ducasse rend bien l’inspiration émue.

La ravissante mélodie qui court dans toute l’évocation de Kornelis frappe par une grande distinction et par son accompagnement, où l’on remarque un trait de violons en triolet d’uni ; rare élégance.