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et il en résulte que l’accessoire devient le principal. Il s’entrave lui-même, et comme à plaisir, dans des complications sans nombre, et, en suivant les nombreux méandres de son laborieux travail, on est tenté de dire avec le fabuliste :


Mais le moindre grain de mil
Ferait bien mieux mon affaire.


Nous ne sommes pas de ceux qui dédaignent les effets scientifiques de la musique ; mais elle est aussi l’art des hautes régions de l’idéal, l’art des émotions, des sentiments, un art dont le propre est de parler à l’imagination et au cœur de l’homme, alors que la parole devient impuissante. Cette propriété, cette faculté, cet avantage, ce don, le musicien doit les considérer comme le plus précieux de son art.

Quand il lui préfère les spéculations de l’esprit, il se condamne le plus souvent à l’impuissance, et l’auditeur, alors, peut se demander si, sous ses ricbhes parures, il y a un corps, il y a une âme ?

Où donc M. Saint-Saëns, travailleur infatigable, qui a lu les maîtres, qui les connaît par cœur, a-t-il trouvé cette sorte de pléthore de la forme ? Au théâtre, est-ce dans Gluck ? Dans la symphonie, est-ce dans Beethoven ? Est-ce que l’expression des senti-