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la notoriété est justement établie, et toujours elle a fait naître chez nous et autour de nous des objections que nos lecteurs vont apprécier.

Ils savent qu’il n’y a jamais de parti pris dans nos appréciations, que nous aimons le Beau sous toutes ses formes, de même que nos sympathies, nos efforts en faveur des jeunes auteurs sont connus. Les remerciments qu’ils veulent bien nous adresser en des termes qui nous touchent, les résultats déjà obtenus et qui s’agrandiront encore, nous dédommagent des hostilités de ceux qui, dans un intérêt mercantile, ne veulent rien risquer en vue des progrès de la musique nationale.

M. Saint-Saëns ne saurait donc nous en vouloir si, tout en rendant justice à ses qualités, nous signalons ici les objections que son talent soulève.

Dans ses œuvres vocales ou instrumentales, on regrette de rencontrer une surabondance d’ornementation qui étouffe l’idée, le sujet principal du morceau, de même que dans certain monument gothique, l’ornementation dérobe la ligne. La musique de M. Saint-Saëns est surchargée ; la pensée n’y est pas toujours mise en relief ; elle échappe à l’attention la plus soutenue sous les arabesques dont il l’enveloppe,