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joué récemment à l’Odéon, ne contribuât encore à fatiguer le public de ce don César de Bazan ? Ces périls n’effrayèrent point M. Massenet, et il obéit à l’inspiration qui l’entraînait vers l’Espagne. Cette inspiration pas plus que la fortune ne l’ont trahi.

L’idée trouvée et acceptée, il fallait encore rencontrer dans le personnel de l’Opéra-Comique un chanteur assez bon comédien pour représenter ce personnage de don César. Et, outre que ce théâtre ne possède que des ténors fort médiocres, il n’en compte pas un seul qui soit bon acteur. M. Massenet se retourna donc forcement du côté des barytons, puisqu’il en pleut aujourd’hui. Un instant on hésita entre M. Ismaël et M. Bouhy : ce dernier l’emporta. Voilà donc don César fait Baryton. Deux rôles importants furent encore confiés à des voix graves, celles de Mme Galli-Marié et de M. Neveu, et le rôle du roi, moins important, confié à un ténor. Cette distribution allait jeter le musicien, peut-être sans qu’il s’en rendît bien compte, dans une nouvelle difficulté.

En effet, ces voix de demi-caractères, reunies souvent dans les principales scènes de la pièce, nuisent nécessairement à la sonorité vocale et jettent parfois sur l’œuvre une certaine monotonie qui n’est pas le fait de l’inspiration chez le musicien, mais la con-