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donc les jeunes musiciens. Mais je le répète à ceux qui ne peuvent pas tenir leur langue dénigrante : Cessez de critiquer vos confrères ; quand l’un d’eux arrive sur la scène, soutenez-le, applaudissez-le, au lieu de vous en aller colporter des critiques où, à chaque mot, percent l’envie et la mauvaise foi. Et sachez bien que chaque chute d’un opéra nouveau atteint vos espérances et ruine votre crédit.

Malgré tout son talent, M. Massenet n’est pas plus que tous ses confrères à l’abri des coups de ce mauvais esprit qui sévit tout particulièrement sur les musiciens. Mais laissons là les envieux, les jaloux, les fruits secs, pour nous occuper de ce jeune musicien qui, du premier coup, vient de nous montrer que l’on pouvait compter sur lui. M. Massenet n’était encore connu que par un petit acte : La Grand’tante, par un cahier de mélodies et par des « suites d’orchestre, » très applaudies, il est vrai.

En choisissant, pour la mettre en musique, la pièce de M. d’Ennery, c’était s’exposer d’avance à plus d’une difficulté. En effet, on devait se demander si un chanteur d’opéra-comique pourrait jamais entrer dans le personnage typique dont Frédéric Lemaître avait composé une épique caricature ? D’un autre côté, n’était-il pas à craindre que Ruy-Blas,