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très originale : « Riche, j’ai semé les richesses à tous les vents, à pleine main » ; le duo bouffe entre Don César et Don José, l’un des meilleurs morceaux de l’opéra ; la chanson à boire avec chœur : « À boire, amis, je vous invite » ; au troisième acte, qui s’ouvre par une jolie pièce symphonique dans le genre espagnol, que la partition intitule : « sévillana ; » une poétique romance de Maritana : « Je sais qu’il est une âme qui de la mienne est sœur » ; le madrigal de Don César à Maritana voilée, dont un cor dans l’ouverture donne la primeur ; enfin le trio final, très-scénique et très-vigoureux.

Comme on le voit, il y a là de quoi justifier un succès qui s’accentuera de plus en plus. Si l’on veut bien se donner la peine d’écouter cet opéra avec les mêmes dispositions desprit que s’il s’agissait de l’œuvre d’un auteur mort, on reconnaîtra qu’il est plein de promesses pour l’avenir de ce jeune musicien doué d’un tempérament véritablement dramatique.

En lisant les premières partitions de nos musiciens français les plus illustres : Méhul, Grétry, Boïeldieu, Hérold, Auber, on n’y rencontre certainement pas, même en tenant compte des découvertes du temps, des facultés musicales aussi prononcées que celles dont ient de faire preuve M. Massenet.