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Il a choisi parmi ses artistes ceux qui pouvaient le mieux assurer le succès de M. Diaz ; il lui a donné le concours de notre grand chanteur, M. Faure : enfin, pour que rien ne manquât à cette fête, il l’a entouré d’un luxe inouï de mise en scène, comme s’il se fut agi d’un ouvrage choisi par lui et signé d’un nom illustre.

En agissant ainsi, M. Halanzier avait-il la conviction que cette œuvre allait se montrer digne de la grande scène qu’il dirige ? Ne recevant pas ses confidences, je l’ignore ; aussi pensons-nous qu’il a voulu débuter par l’accomplissement rigoureux des promesses de l’administration de l’Opéra, acceptant comme siennes celles de son prédécesseur. Et par quelles splendeurs ne l’a-t-il pas fait ? Mais il sait que le public d’aujourd’hui attache beaucoup d’importance au luxe de la mise en scène, aux décorations féeriques, d’ailleurs ruineuses pour l’art musical. Il faut assurément, que la direction de notre Opéra, la première scène lyrique du monde, entoure son répertoire d’un certain luxe, mais ce serait le faire dévier de sa mission, de son but comme de son origine, que d’exiger que l’Opéra luttât avec les théâtres de féeries où le spectacle ne donnant rien à l’esprit et à l’âme est tout entier fait pour les yeux.