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Je le répète, M. Halanzier n’assumait sur lui qu’une seule responsabilité, celle de la distribution des rôles et de la mise en scène de l’ouvrage couronné au concours de 1869. Il ne me semble pas inutile de dire comment le jury était composé. Le poëme fut jugé par MM. Émile Perrin, président du jury, Gounod, Félicien David, A. Thomas, É. Augier, Th. Gautier, Paul de Saint-Victor, Sarcey et Victor Massé. Je me souviens encore qu’à cette époque les échos de la presse ne tarissaient pas d’éloges sur la pièce de MM. Blau et Louis Gallet. Sans doute le sujet en est charmant, très poétique et les vers en sont meilleurs que ceux que, d’ordinaire, on offre aux musiciens ; mais, et j’en demande bien pardon aux honorables membres du jury, ce sujet ne pouvait convenir à un grand opéra. À peine eût-il suffi à un opéra-ballet tel que Le Dieu et la Bayadère.

La légende scandinave rapporte qu’il y avait une fois un roi de Thulé qui, se sentant mourir, fit venir son bouffon et lui présentant la coupe, emblème du pouvoir, lui dit : « Tu la donneras au plus digne. » Mais le bouffon Paddock ne voit personne dans la foule des courtisan digne d’y tremper les lèvres et la jette à la mer.