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En effet, dans son Rienzi, vous êtes toujours en face des mêmes émotions. De là une monotomie fatigante. L’amour s’y montre à peine ; aussi point de pathétique, point de rêverie, aucune grâce, aucune tendresse dans cette musique.

Pendant cinq heures, sans repos, ni trêve, vous êtes en présence et sous l’impression d’un seul effet musical : la force ! Et quelle force ! Une force véhémente, d’une sonorité à outrance. Vous êtes perpétuellement exposé au feu, sans jamais trouver d’omhre. L’art des contrastes, est inconnu à M. Wagner. Rien dans son opéra ne vient reposer. L’oreille, abassourdie dès la première heure, ne perçoit plus qu’un bruit toujours croissant.

Qu’on ne vienne pas nous vanter cette instrumentation bruyante et brutale de Rienzi. Que nous importent les dessins et les complications de la musique si le tout y est écrasé entre le sifflement des chanterelles, le hurlement des cuivres et le roulement des tambours ?

En résumé, la langue des dieux, que vous ne parvenez pas même à bégayer, M. Wagner, est, dites-vous, incapable de produire des effets nouveaux, et vous voulez la réformer. Nous ne demandons pas