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Quant aux soli, ils ne seront nulle part en Europe chantes comme à Paris. Mlle Krauss et Mme Alboni ont déployé dans l’œuvre du maître, auquel elles ont dû, ici, de si magnifiques succès ; leurs voix admirables et leur grand talent. Il y a entre les deux éminentes cantatrices, une unité de style et de conscience artistique qui devait profiler à l’exécution de l’œuvre.

La voix de Mme Alhoni est sans seconde dans le monde ; elle reste ce qu’elle était jadis — un fleuve tranquille où l’on se mire comme dans le plus pur cristal. Mlle Krauss, c’est l’amour de l’art, le respect scrupuleux du texte, unis au style le plus élevé, à l’âme la plus chaleureuse. Le succès qu’elle vient d’obtenir dans la Messe de Rossini est un fleuron de plus à la couronne que la critique française lui a décernée.

Immense a été le triomphe de Mlle Krauss, qui a dû répéter le Crucifixus, sollicitée par l’enthousiasme général. La cantatrice viennoise a mis toute son âme dans cet adieu suprême qu’elle adressait à l’auteur d’Otello.

M. Agnesi a montré qu’il savait chanter la musique d’église.