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On peut s’étonner aussi qu’un musicien qui semble

    sique. Pourquoi donc manquent-elles dans le drame lyrique de M. Gounod ? Pourquoi donc ne s’est-il pas emparé des situations dramatiques qui se fussent imposées à tout autre musicien, pour écrire quelques pages vigoureuses, formant ainsi un heureux contraste avec les tendres accents des deux amants ? Car, en vérité, il est impossible de prendre pour de la vigueur la scène des duels, final écourté du troisième acte, sans originalité et sans puissance.

    Tout ce qui caractérise le grand talent, le sentiment musical, si élevé de M. Gounod, se retrouve dans la partition de Roméo et Juliette. En voici, selon moi, les meilleures parties : l’ouverture-prologue avec chœur ; la ballade de la reine Mab ; le madrigal : « Ange adorable, » le duo du balcon : « nuit divine, je t’implore ! » C’est le pendant un peu affaibli du duo du jardin de Marguerite. Le trio du troisième acte entre Roméo. Juliette et le frère Laurent, d’un très-noble sentiment, pâlit à peine à côté du trio qua écrit Meyerbeer au cinquième acte des Huguenots dans une situation analogue, je veux dire la bénédiction donnée par Marcel à Raoul et à Valentine. Je citerai encore la chanson du page Stephaiio, l’entracte du cinquième acte, le fragment instrumental pendant le sonmieil de Juliette ; enfin quelques passages pathétiques du duo final.

    Tels sont les morceaux qui sont dignes de l’auteur dt Sapho et de tant de beaux fragments répandus dans ses œuvres complètes. Parmi les plus faibles, je men-