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côté de la difficulté à vaincre. Malgré les belles et étranges harmonies qu’on admire au début de l’introduction de Faust, sorte d’alchimie musicale tout à fait dans la couleur de l’œuvre, cette Introduction dans son ensemble, n’est-elle pas une bien petite porte pour y faire passer un sujet géant ? Il fallait évidemment une Ouverture. Mais il fallait aussi la concevoir et l’écrire ! L’entreprise était digne de tenter un grand musicien !

L’un des meilleurs morceaux de la partition est assurément le chœur de la Kermesse. Je l’admire d’un bout à l’autre. Voilà du moins une page parfaite et d’un effet véritablement dramatique. En revanche, je ne puis accepter le caractère de la valse qui la suit. Il faut se sentir un bien grand besoin de vogue passagère pour donner une pareille entorse à la vérité scénique. Écoutez-la bien cette valse qui fait onduler sur leurs fauteuils les cocodès et les cocodettes. Elle contient tous les petits moyens de verve employés avec une habileté aussi grande par les Strauss et les Arditi. Est-ce donc ainsi qu’on devait faire valser les lourds Germains du moyen-âge ?

Et l’air « enfiorituré » des Bijoux ? Combien il est éloigné du caractère de la Marguerite de Gœthe !