Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —


que l’on ose écrire de telles choses, mais que l’Allemagne se garde bien de semblables jugements. Qui ne se soutient, d’ailleurs, qu’à l’origine, la musique instrumentale de Beethoven était trouvée plus savante qu’inspirée ?

Ce que le temps a fait pour la musique instrumentale du maître, il le fera pour Fidelio. Ce n’estpasau moment où la « cavatine de onze heures, » comme l’appelait plaisamment Berlioz, se démode tout à fait, que nous n’aurions pas le droit d’espérer enfin ce revirement d’opinion. Ce serait donc un grand honneur pour M. Bagier d’obtenir un succès là où ses devanciers n’ont recueilli que l’indifférence, et pour nous une grande joie de voir l’œuvre acclamée à Paris, comme elle l’est partout en Allemagne.

C’est le 5 mai 1860 que le Théâtre-Lyrique nous donna Fidelio avec Mme Viardot, Bataille, Serène, Guardi, Fromant et Mlle Faivre. Si la voix de l’illustre cantatrice se fatiguait déjà, son talent était de taille à supporter le poids écrasant du rôle. L’ouvrage fut monté avec un tel soin, l’exécution en avait été si étudiée, que j’observai à cette époque un revirement assez marqué dans l’opinion générale. Ce n’était plus seulement l’orchestration qu’on admirait, mais bien la pure beauté de la mélodie et la vérité