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dépourvue d’expression dramatique ? Que son seul intérêt se trouvait dans l’instrumentation, et que définitivement il fallait renvoyer l’auteur à la musique de chambre, à ses sonates et à sa symphonie. Cette opinion toute française est ruinée depuis avant-hier. Pour notre part et pour celle de beaucoup d’autres, rien n’est au-dessus de l’expression dramatique de la musique de Fidelio, œuvre où Beethoven se retrouve tout entier, depuis sa première manière qui rappelle, par instants, celle de Mozart, jusqu’aux sublimes sommets qu’a pu, seul, atteindre l’auteur de la symphonie en ut mineur.

Quant à l’orchestration, il est puéril de l’appeler savante. C’est inspirée qu’il faut dire ! La science seule ne suffit pas à créer de pareilles harmonies, qui à chaque instant, et sans jamais troubler l’effet vocal, viennent porter nos sensations à la dernière limite du sentiment.

Il ne me reste plus qu’à dresser le procès-verbal de cette soirée. Je m’empresse de rendre hommage à l’exécution de Fidelio par les artistes du Théâtre-Italien. M. Bagier, qui n’avait pas reculé devant l’augmentation de son orchestre et de ses chœurs, a tenu ne donner l’ouvrage que parfaitement répété et su par chacun. Aussi, toutes choses ont-elles