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(pas celle d’Homère, mais celle d’Offenbach), tout réthoricien que j’étais, on ne m’avait point encore conduit au théâtre ! J’avais donc hâte d’y entrer. Ce ravissant Opéra de Dresde, construit par M. Semper, l’éminent architecte, monument glorieux que les flammes dévoraient il y a un an, m’ouvrit ses portes, pour la première fois, un soir qu’on y jouait le Freischütz.

Quel début ! quelle entrée dans ce monde, nouveau pour moi ! Mon esprit fut tellement frappé par la scène de la forêt, par celle de la fonte des balles, par cette mise en scène fantastique, par la voix magnifique de Tichatscheck, le fameux ténor, par celle de Dettiner et de Mitterwurtzer, par la beauté blonde de la célèbre Schrœder-Devrient, par les yeux noirs de Mme Gentilhomo (réunion d’artistes, telle qu’on n’en verra plus une seconde semblable), enfin par les chœurs et l’orchestre de Dresde, créés par Weber lui-même, en 1816, que M. Wagner dirigeait alors et qui passait, à bon droit, pour le premier de l’Allemagne ; mon esprit, dis-je, en reçut un coup si violent qu’à partir de ce moment la musique devint, chez moi, une passion que les années n’ont fait que développer.

On comprend dès lors quelle émotion je ressens