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tout changer. Se servir de Weber et de son autorité pour expliquer les voies dans lesquelles on est entré depuis, c’est fausser la vérité : Je n’en veux donner pour preuves que les opinions exprimées par Weber, lui-même. Bien loin de prévoir l’usage qu’on ferait des tendances de son esprit, il s’insurgeait dès 1810, contre ceux qui comparaient sa musique à la troisième manière de Beethoven. C’est ainsi qu’il écrit à M. G. Nœgeli, éditeur de musique à Zurich[1] :

« Vous semblez voir en moi un imitateur de Beethoven. Ce jugement, très flatteur pour quelques-uns, ne m’set pas du tout agréable. Premièrement, je hais tout ce qui porte la marque de l’imitation, et deuxièmement, je diffère trop de Beethoven, dans mes vues pour que je puisse jamais me rencontrer avec lui. Le don brillant et incomparable d’invention qui l’anime est accompagné d’une telle confusion dans les idées, que ses premières compositions seules me plaisent, tandis que les dernières ne sont pour moi qu’un chaos, qu’un effort incompréhensible pour trouver de nouveaux effets, au-dessus desquels

  1. Lettres de Weber, traduites par M. Guy de Charnacé.