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fait et nous allons nous plonger dans les eaux basses de la « charge » où le débraillé d’un langage éhonté jaillit des lèvres impudiques et se grise dans une ronde finale que les sergents de ville tolèrent à peine à Mabille.

Je le demande, comment nous serait-il possible de suivre Weber dans ses voyages au pays des songes, dans le fantastique, dans « le bleu ? »

Dans son Freyschütz, il ne nous montre qu’une enfant naïve, — la paysanne Annette, qu’une fiancée chaste, mélancolique et pure, — Agathe, dans le cadre d’une forêt profonde, où l’esprit satanique de Samiel, souille le feu dont Gaspart va tirer des balles enchantées. À la lueur blafarde de la lune perçant à travers les pins, l’imagination du poëte anime, d’une vie étrange, les arbres, les rochers et les cascades. D’un réve effréné sort la forêt magique, la chasse infernale que dirige le cor enchanté. Et quand toutes ces ombres ont disparu, il reste encore dans notre esprit l’impression singulière d’une vision mystérieuse, de bruits vagues où la nature vous enveloppe, vous sourit, dans des sonorités charmantes, dans un hymne où s’épanche toute l’âme de Weber, mais