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Auber semblait un anachronisme dans nos époques de troubles civils, de luttes politiques et sociales. Aussi les a-t-il traversées pour ainsi dire sans se douter qu’il y eût autre chose dans la vie que des couronnes de fleurs effeuillées au dessert, des danses et des chansons. Mais enfin il a délassé, charmé deux générations, et cela nous impose une dette de reconnaissance que chacun est jaloux de lui payer.

Parlons donc de celui qu’on est convenu d’appeler « l’illustre chef de récole française. » et cela sans respect pour Méhul, pour Boïeldieu ; Méhul, l’auteur de Joseph, l’admiration constante de Weber, Boïeldieu, l’auteur de la Dame Blanche ! Parlons de la musique d’Auber et de son influence.

L’œuvre de cet élégant bourgeois de Paris est considérable et répond ironiquement à ceux qui parlent de sa paresse et de son insouciance. Il travaillait, au contraire, chaque jour et cela jusqu’à la fin. À qui fera-t-on croire, en effet, qu’un homme puisse écrire sans goût du travail, sans amour de l’art tant de délicieux ouvrages ?

Ceux qui n’ont jamais vu une feuille de partition orchestrée, ne peuvent se figurer l’énorme travail de plume accompli par Auber. En donnant, en moyenne,