300 pages à chacun de ses quarante-deux opéras,
on trouve qu’il a couvert de notes plus de 12,000
pages de grandes partitions avec leurs parties de chant
et d’orchestre ! Voilà, il faut en convenir, un étrange
paresseux ! Et quel singulier insouciant que celui
qui, constamment sur la brèche n’a jamais cessé d’écrire,
saisissant sans cesse l’occasion aux cheveux,
toujours prêt à entrer en répétition, ou se disant prêt,
même lorsqu’il ne l’était pas ; s’emparant en maître
du théâtre, témoin de ses nombreux succès, épiant,
prenant son tour et quelquefois même celui des autres,
à la grande satisfaction de son public, public de
bourgeois, d’amateurs, de dilettantes et de gens
d’esprit.
La fécondité est assurément l’un des signes caractéristiques du génie, mais cette qualité ne suffit pas à justifier ce mot qui semble bien gros en parlant de l’auteur du Domino noir.
L’esprit, la grâce, la verve, la chaleur, l’élégance, la forme, le charme, tels sont les dons divers et éminents d’Auber.
Le génie a des ailes, des audaces ; il se renouvelle, se transforme, trouve des voies nouvelles, s’émeut, s’élève dans les hautes sphères du monde moral. Ces