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s’embaumer tout vivant. Rossini arracha au visage de ce cadavre son masque trompeur, comme pour scruter le fond de sa vie d’autrefois. À travers son gplendide suaire, il découvrit le vrai fond de cette vie : la mélodie. S’il considérait l’opéra italien et l’œuvre des héritiers de Mozart, il ne rencontrait encore que la mort seule, — la mort dans des formes vides. La vie se révéla à lui dans la mélodie pure et simple, sans aucun de ces prétextes de caractère qui devaient lui paraître trompeurs, quand il considérait ce qu’ils avaient engendré de violent et de médiocre.

Mais Rossini voulait vivre, et il comprit très-bien qu’il devait vivre avec ceux qui avaient des oreilles pour l’entendre. La mélodie lui était apparue comme la seule chose vivante dans l’opéra ; il avait donc seulement à se demander de quel genre de mélodie il devait se servir pour être entendu. Dédaignant le commun des pédants, il écoutait là où l’on chantait sans notes écrites, et ce qu’il entendait restait involontairement dans son oreille comme une mélodie agréable à l’ouïe, absolument mélodique, c’est-à-dire la mélodie qui n’est que mélodie, qui pénètre dans l’oreille on ne sait pas pourquoi,