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faire applaudir pour son talent particulier, toutes les fois qu’un solo en fournit l’occasion. » Les instrumentistes lui en eurent une profonde reconnaissance. Au librettiste, qui auparavant suait sang et eau pour seconder les vues capricieuses et embarrassées du compositeur dramatique, il disait : « Cher ami, fais ce que bon te semblera, car je n’ai plus du tout besoin de toi. « Et le librettiste lui sut un gré infini pour l’avoir débarrassé d’une tâche amère et ingrate[1].

Mais le monde civilisé tout entier divinisa Rossini pour tous ses bienfaits, et il avait pour cela d’excellentes raisons. Qui, en effet, avec autant de talent eut pour le monde autant de complaisances que Rossini ? S’il apprenait que le public de telle ville aimait particulièrement entendre les roulades des chanteuses et que le public de telle autre ville préférait le chant langoureux, il donnait à ses chanteurs exclusivement des roulades pour la première ville et exclusivement du langoureux pour la seconde.

  1. M. Wagner, pour les besoins de la cause, prête à Rossini des sottises qu’il n’a jamais dites. Oserait il prétendre, par exemple, que dans l’andante sublime du trio de Guillaume Tell, Rossini n’a pensé qu’à faire de la mélodie, sans se soucier des paroles ?
    (Note du traducteur.)