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toire de l’opéra. Cette histoire fut terminée quand sa nature inconsciente eut atteint la plénitude absolue et consciente de son développement, lorsque le musicien fut reconnu comme le facteur absolu et tout-puissant de cette œuvre d’art, lorsque le goût du public des théâtres fut devenu sa règle. Cette histoire fut terminée, lorsque toute idée de drame fut complètement écartée, lorsqu’on eut reconnu que la seule tâche des chanteurs était de plaire à l’oreille et d’exercer leur virtuosité, et qu’il était de leur droit de poser à ce point de vue des exigences au compositeur.

Elle fut terminée, lorsque le grand public musical vit dans la mélodie absolue le caractère, le seul but de la musique, dans la succession sans liens entre eux des morceaux de musique d’opéra la seule contexture de la forme musicale, dans l’effet enivrant d’une soirée d’opéra l’essence même de la musique. Elle fut terminée le jour où Rossini, déifié par l’Europe, vivant heureux dans le sein du plus grand luxe, crut convenable de faire à Beethoven, morose, caché chez lui et tenu presque pour fou, une visite de politesse, que celui-ci ne rendit pas. Que pouvait bien apercevoir l’œil lascif du fils vo-